Droits de YAMATO : un conflit enfin réglé

Une solution à l'amiable conclut presque 10 ans de procédures


   par BIS*


Et si Leiji n'avait pas fait YAMATO ?
 
Voici en images à quoi on a échappé...
 
Pas terribles, les casques !
 
On dirait l'O.V.Terre d'Alcor sur Véga !
 
Le pauvre Capitaine Okita a eu chaud !
 
Yamato, a baignoire de l'espace ?
 
Le chara designer avait 4 ans, non ?
 
Yamato, Le cercueil de l'espace ?
 
C'est plus joli en tout petit, promis !

Un petit historique

Le procès qui opposait Akira "Leiji" Matsumoto et Hirofumi "Yoshinobu" Nishizaki au sujet des copyrights afférents à la série YAMATO et à tout ce qui s'y rapporte vient finalement de trouver le 29 août dernier, au Tribunal de Grande Instance de Tokyo, un règlement à l'amiable qui semble définitif. Depuis une dizaine d'années, la question de la paternité de l'oeuvre par l'une ou l'autre des parties empoisonnait en effet tout nouveau projet autour de l'univers YAMATO.

Au tout départ, il y avait un gros projet ambitieux de série, proposé par Nishizaki à la firme Tôei en 1973, dans lequel une flotte terrienne embarquait à bord d'un célèbre vaisseau de guerre japonais transformé en vaisseau spatial, afin d'aller chercher dans l'espace une solution pour leur planète menacée d'extinction.

Le projet, malgré un design douteux (voir illustrations ci contre), sut séduire la firme, mais il fallait revoir tout l'aspect visuel du projet. On fit alors appel à une star montante de la BD, Leiji Matsumoto, pour "relooker" le tout. Or Leiji avait déjà, avant le projet de Nishizaki, créé un embryon de vaisseau Yamato pour son manga Denko Ozma, et il se passionna très vite pour ce nouveau projet, qui lui donnait enfin la possibilité de mettre un pied dans le domaine de l'animation.

Leiji travailla surtout au mecha design de UCHÛ SENKAN YAMATO (le cuirassé de l'espace Yamato), mais s'occupa aussi un peu des personnages et réalisa pour l'occasion un manga en deux volumes. L'impact de la série au Japon fut énorme, d'une part à cause de la symbolique de ce vaisseau coulé par les Américains qui renaissait pour sauver la planète, mais aussi parce que le mot "Yamato" évoque une ère idéale de l'histoire ancienne japonaise... Et s'il est vrai que UCHÛ SENKAN YAMATO a toujours clairement été présenté comme l'oeuvre des deux hommes, au fil du temps on se souvint de Leiji et on oublia un peu Noshizobu...


Une période de flottement

Après 3 séries télé et 5 long-métrages, l'intérêt pour la série retomba un peu, et après 1983, Leiji, qui n'avait d'ailleurs pas contribué directement au dernier film, ne s'en préoccupa plus. En 1994, Nishizaki décidé de confier le concept Yamato à une toute autre équipe, et c'est ainsi qu'apparut l'OAV YAMATO 2520, qui n'avait plus rien à voir avec le travail de Leiji : design beaucoup plus moderne, nouveaux personnages, histoire située plus loin dans l'avenir.

Leiji n'a semble-t-il pas réagi tout de suite.Après tout, Nishizaki avait créé le concept, et il était libre de l'utiliser à sa guise sur de nouveaux projets, du moment que Leiji continuait à toucher des droits sur le travail qu'il avait déjà effectué sur les séries et les films précédents. Si Leiji Matsumoto a fini par porter plainte contre Nishizaki, c'est parce que ce dernier lui interdisait de se présenter comme auteur de la série, alors que sans lui, la série n'aurait jamais eu le succès qu'elle a connu, et il est facile en regardant les images ci-contre de mesurer l'apport du mangaka au projet et à sa réussite...


Règlement du conflit

L'article 16 du Copyright Act considère comme auteurs "ceux qui ont la charge de superviser, de produire, de photographier, de réaliser, etc., tout en contribuant à donner sa forme générale au projet". Lors du premier procès, le Tribunal de Grande Instance du district de Tokyo avait jugé en mars 2002 que Leiji "avait participé à tout le processus de création, depuis le projet initial jusqu'à l'aboutissement de l'oeuvre filmée, en fournissant d'un bout à l'autre des directives détaillées", mais en en attribuant à Nishizaki le statut d'auteur, reléguant de ce fait Matsumoto à un "rôle partiel". Leiji fit alors appel de cette décision qu'il jugeait peu satisfaisante.

Après examen approfondi du dossier, il a finalement été conclu que l'oeuvre était une création commune de Nishizaki et Matsumoto, et chacune des deux parties a donc retiré sa plainte le jour même. Le litige qui opposait les deux auteurs et son règlement final rappellent bien entendu la situation très similaire qui opposa les deux auteurs de CANDY CANDY, la créatrice du manga original d'une part, et la responsable de l'animation qui a rendu célèbre la petite orpheline (voir le site Candy Neige pour plus de détails). En ce qui concerne YAMATO, on raconte qu'un tel règlement a été préféré par les deux parties, afin que chacun puisse travailler de son côté à l'élaboration de nouvelles séries en évitant tous problèmes de copyrights. Tout ce qui a été effectivement été créé par Leiji portera son nom dans la mention légale, tout simplement. Leiji Matsumoto a déclaré : "Je crois que ceci ouvre la voie au règlement de nombreux problèmes, et je considère que les termes de la décision sur laquelle nous sommes tombés d'accord protègent mon honneur en tant qu'artiste."

   
 © 2003 ARCADIA 2000 / Leiji Matsumoto (illustration non contractuelle)
    
 
Leiji Matsumoto (à gauche) et Yoshinobu Nishizaki (à droite) : les deux auteurs à l'époque de leur collaboration. Et dire qu'ils baptisaient même ensemble au champagne des bateaux déguisés en Yamato pour la promo des longs-métrages !
 

Leiji a désormais le champ libre pour terminer sa saga télévisée DAI GINGA SERIES: 7vs7 (alias GREAT YAMATO). Quant à Nishizaki, il a été inculpé pour violation de la législation sur les armes et condamné à de la prison ferme. Il se trouve désormais en détention... Voilà qui est bien ironique pour celui qui a fait voyager dans l'espace des millions de japonais... mais il n'a pas dit non plus son dernier mot, puisque son propre projet de série, intitulé pour le moment YAMATO REVIVAL, est lui aussi en cours de réalisation... et il semblerait même que l'auteur ait laissé la porte ouverte à Leiji si jamais il souhaitait y collaborer !

Alors, deux séries YAMATO pour 2004... Franchement, elle est pas belle la vie ?


* le texte de cet article est en grande partie adapté du site Drifting Express 999


© ARCADIA 2000 / BIS Productions - maj: décembre 2003